Drogue : la prohibition bloque l'information
Puisque j'ai fait mon "coming-out" je peux en profiter pour partager un peu plus mon expérience qui, me semble t-il, met à jour plusieurs problèmes liés à la drogue.
Aujourd'hui une anecdote familiale, où quand un parent s'affole de savoir que son rejeton a - peut-être - pris de la drogue...
J'étais à la soirée d'anniversaire de mon oncle quand une de mes tantes vient me trouver et me dit, affolée :
- Je crois que Loïc (mon cousin qui a 17 ans) a pris une drogue dure, tu sais Claire, ces trucs qu'ils appellent "taz"... Mon Dieu, comment je vais gérer ça...
J'allais pas lui dire "T'inquiète, je connais, ça craint rien", ç'aurait été faux. Je suis allée voir mon petit cousin.
Pas folle, j'avance sur des oeufs, il était avec des copains de son âge et je ne voulais pas dire de bêtises.
Je commence donc à lui demander si tout va bien, où il sort et quelles soirées il apprécie, sur un ton anodin. Viennent les choses sérieuses :
- Tu prends des extas en boite ?
- Des quois ?
- Des extasys, des "taz", des "xeu", des pilules quoi..
- Euh...
- Loïc, à moi tu peux le dire, je *connais*.
- Ben la dernière fois, j'ai trouvé un demi-cachet..
- Trouvé ? Méfies toi de ce que tu peux "trouver". Tu l'as pris ?
- C'était chez un copain, j'ai juste gouté le bout qu'il restait. Tu connais toi ? Ca fait quoi ?
- Ca t'as rien fait ?
- Ben euh.. Si, mais je sais pas trop quoi.
- En gros, l'exta c'est du chimique, c'est puissant, ça peut donner la pêche pendant des heures, mais gare à la descente.
- La descente ? J'ai rien senti.
- C'est normal, la première fois, on capte pas vraiment, mais je peux t'assurer, crois en mon expérience, qu'il faut faire vraiment attention. Déjà, n'accepte rien d'un inconnu, on trouve des produits qui peuvent vraiment te faire partir en coui**, j'ai vu des choses hallucinantes.
- Comme quoi ? (intrigué mais pas apeuré)
- J'ai un ami qui a fini par se suicider, les hopitaux psychiatriques sont pleins de jeunes qui sont restés "perchés", et je te raconte pas le nombre de personnes qui ont fait des dépressions après avoir trop gobé.
- A ce point ? (il est carrément pendu à mes lèvres)
- Oui, à ce point. C'est pour ça que je préferais t'en parler, tu comprends.
- Ouais, je croyais pas que c'était à ce point.
- C'est encore plus que ce que tu crois. Si tu en prends trop souvent, tu ne pourras plus t'en passer, et je te jure qu'il y a pas grand chose de pire dans la vie que d'être tox !
Mon cousin m'écoute, je lui donne les consignes de base pour un usage responsable, il est détendu et a l'air satisfait de notre conversation, je l'intéresse et ça me rassure.
Je termine par lui dire que bien évidemment sa mère ne saura rien de tout cela et qu'il peut m'appeler quand il le souhaite.
Le voilà qui me remercie !
Il n'y a pas de morale à cette histoire mais je me dit que mon cousin a un peu de chance.
Combien d'adolescents vont découvrir la drogue sans AUCUNE information ? (autre que : c'est mal, mal, MAL) Ne serait-il pas préférable, que, comme la première cuite, ils puissent en parler autour d'eux ?
Par Claire :: 23 12 2003 à 12:02 :: Le Blog :: # 73 :: rss
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