MDMA

Tranche de vie perso, une soirée, l'usage de stupéfiants, les relations avec les autres, l'amour, la vie...
Je suis de retour parmi les miens, lentement, je redescends, et mes pensées, elles, continuent à se téléscoper dans mon cerveau... Il faut que j'écrive, il me faut dire ce que j'ai vécu, non pas pour justifier, ni excuser, juste "voilà, c'est ainsi, vous pourrez faire ce que vous voudrez - interdire/traquer/punir/critiquer - il y a des individus qui vivent à leur manière, sans pour autant que cela n'agresse l'autre, et même si cela ne plaît pas".

Ferez-vous partie de ceux qui souhaitent imposer aux autres leur code de bonne conduite, ou au contraire serez-vous prêt à "laissez vivre".

Que personne ne s'affole, je ne vais pas faire l'apologie de la drogue, ni vanter les soirées en discothèque "branchée", d'abord c'est pas mon genre (je ne prêche pas pour une paroisse, mais pour MA liberté) et puis je dois respecter la loi, celle de 1970, qui m'interdit de présenter les drogues sous un jour favorable (liberté d'opinion ??). Ce billet très personnel est une tranche de vie, brutement livrée, pas à chaud, mais "à tiède" ;)

Hier soir donc, me voilà parti avec une amie, K. et une copine, S. en direction de la Villa Rouge. Nous avons prévu de nos éclater au rythme de la musique techno jusqu'à 4 heures du matin...

Sur le chemin, nous gobons nos pilules, des gélules de MDMA pur, sachant qu'il faut compter une demi-heure pour que les effets se fassent sentir, on va être "pile-poil".

Arrivée au club, le nombre de voitures sur le parking nous fait penser qu'il y a déjà du monde, il n'est que minuit et demi, c'est étonnant. A l'intérieur en fait la salle est vide, mais une heure plus tard ce n'est déjà plus le cas, la piste est pleine de gens souriants.

Parce qu'une heure plus tard, c'est la montée générale :
L'exta - cela varie selon ce qu'il contient (amphétamines, MDMA, MDA etc..), qui les prends, où et comment - libère doucement ses propriétés, doucement mais sûrement, vous pensez que vous n'êtes pas défoncé, mais d'un coup ça vient, chaleur, sensation de communion, pêche d'enfer, mastiquage intensif, sourire à tout le monde ; Le DJ doit comprendre ses "clients" et se servir de la musique pour les faire grimper. La salle est électrique, c'est intense et chaleureux, et, c'est cela la magie de la chimie, *tout* le monde participe, c'est dingue.

C'est à ce moment que j'ai souhaité retourner à la voiture, le volume du son me cassait les oreilles, la chaleur me rendait ramollo ; il fallait que je parte, je ne me sentais pas bien avec tous ces gens que je ne connaissais pas - ce qui est en fait étonnant quand on connait les effets du MDMA : le contraire - mais j'étais bien !
K. et S. s'inquiètent, "pourquoi ne veux tu pas rester avec nous ?", "Tu vas pas bien ?", "T'inquiète, on est là"..
Je *sais* les filles, ne stressez pas, j'ai juste envie d'être seule. Ca va, je "gère"...

Nous partons fumer un joint dans la voiture, S et F. un "ami" de soirée sont avec moi, nous papotons tranquillement, voilà, c'est *ça* que j'aime avec les pilules, être avec juste quelques personnes, laisser faire le feeling et le reste. Mais s'ils veulent repartir, faut quitter la voiture et arrêter de parler, le MDMA rend "love" et si le son ne vous entraîne plus, c'est l'ambiance "chill out" qui prend le dessus. J'invite mes amis à retourner danser, les rassurant encore une fois sur mon état mental et physique.
J'ai passé 2 heures seule dans la voiture, gardée par Phoenix, un boxer de 4 ans, avec qui je me suis très bien entendu :)

2 heures pendant lesquelles je me sentais zen, un peu illuminée et pleine d'amour (bon, c'est un peu mon état permanent, mais puissance 1000), non pas pour Phoenix (lol) mais pour la vie, les idées, les gens auxquels j'ai pensé pendant ces instants. J'ai imaginé des situations auxquelles je n'avais jamais pensé, des images touchantes, drôles ou attachantes venaient les unes à la suite des autres, avec l'impression qu'un "fil conducteur" les reliait entre-elles. Un pur bon moment !

Certains me diront que nous (usagers de drogue) ne savont pas ce que nous faisons, sommes des irresponsables, des malades qu'il faut soigner ou des victimes de la société ; c'est peut-être le cas de quelques-uns, pas celui de la majorité.
Mais la vérité est que l'on ne ne peut pas nier sa responsabilité quand on se drogue, parce que les dégâts ne sont pas faits sur les autres, non, la drogue ce sont le corps et le cerveau qu'elle attaque, et quiconque en abuse connaitra le manque, la dépression, peut-être le sevrage, et, comme pour certains ex-fumeurs, l'envie d'en prendre, encore, toujours.

J'ai la chance de n'avoir jamais connu ça, je me suis toujours dit que je n'avais pas grand risque de finir tox, je n'aime pas assez la drogue pour cela, j'aime bien, c'est marrant, de temps en temps, mais passer tous mes vendredis soirs à "taper" (prendre de la drogue) me ferais ch** grave, surtout que, j'en suis sure désormais, je n'aime pas les boites de nuit (ptêt qu'avoir bossé 2 ans dans ces endroits m'en a dégouté qui sait ?).

Je n'ai pas besoin de ça pour vivre heureuse et être bien dans ma peau ; en fait, j'ai l'impression que c'est le contraire : je suis bien dans ma peau, je peux me laisser aller à taper occasionnellement, je ne partirais pas en vrille. Je trouve ça plutôt responsable, raisonnable comme attitude, je vis ainsi, j'ai confiance en moi et j'estime que je peux me permettre de tenter les expériences que je veux..

L'usage de drogue, il faut le savoir, est courant. Cela dépend des générations, des gens, de l'éducation aussi j'imagine, mais il y a un truc que je sais maintenant, après plusieurs années d'expériences du genre, c'est qu'il y a beaucoup plus d'individus qui en prennent que ce que l'on voudrait nous faire croire (un comportement marginal ?), que ces individus appartiennent à toutes les "classes" (au sens marxiste : propriétaire / salarié, homme / femme, jeune / vieux, français / étranger etc) et que nombre d'entre eux sont inoffensifs.

Y'a qu'à voir du coté du Showbiz ce qui se passe, coke et compagnie, amenée dans les carrés VIP jusqu'à vos artistes préférés, qui l'exigent pour certains dès leur entrée dans le club (vécu). Depuis le temps qu'on le sait, Sarkozy n'a jamais proposé de confisquer leurs superbes voitures aux stars, alors que les fumeurs de cannabis eux sont persécutés..

Les usagers forment une sorte de communauté hétérogène. Est-ce par besoin de se sentir avec les "siens" ? Est-ce pour communier avec des gens qui sont susceptibles de vous comprendre ? Est-ce parce que les molécules rendent les gens aimants, souriants et de bonne humeur, ne serait-ce que le temps d'une soirée ? Que cherchons-nous ?

Ces questions je me les pose mais je ne cherche pas les réponses, je crois sincèrement que chaque personne qui consomme une drogue le fait dans un but précis qui est le *sien*, et je considère l'individu comme capable de prendre le risque, capable d'agir raisonnablement, et surtout libre d'agir comme bon lui semble, quitte à être dans l'erreur.

Chaque individu a, en quelque sorte, pour mission de vivre, non de règlementer la vie des autres, même quand elle ne plait pas. Empêcher une personne de s'éclater à sa manière, c'est s'assoir sur sa liberté ; l'empêcher de se tromper, c'est l'empêcher de tirer les leçons de ses erreurs, l'empêcher de progresser ; Vouloir interdire un produit qui ne vous plaît pas, c'est empêcher l'autre de *vivre* sa vie, suivre son propre chemin...
Accepteriez-vous qu'un tiers vous interdise de vivre comme vous l'entendez ? Non. Et pour garantir que votre vie sera respectée, il vous faut respecter celle des autres.

Je suis pour une totale libéralisation du marché de la drogue, non pas pour m'en donner à coeur joie et délirer tout le temps, mais pour rendre à l'individu son droit à la *vie*.

Parce qu'en France et dans le monde entier - notamment aux Etats-Unis qui sont très sévères en la matière, carrément pas libéraux d'ailleurs - les discours sur la drogue sont trop souvent mensongers, exagérés, parce que les recherches scientifiques sont interdites ou passées sous silence, parce que la clandestinité nuit aux consommateurs, parce que je rencontre des parents affolés pour leurs enfants, parce que je vois tellement de jeunes prendre ces substances sans en avoir la moindre connaissance, parce que ce trip ne peut pas être partagé (facile de dire un lendemain de cuite "j'ai trop bu" en riant.. Essayez en disant "j'ai bouffé une bonne pilule") parce que parce que parce que

J'ai le droit de faire ce que je veux avec mon MOI

Note : ce billet pourra vous révulser, c'est possible, et je peux le comprendre. Libéraliser le marché des substances psychoactives n'obligera pas les individus à s'en servir. J'ajoute que l'on peut tout à fait être contre l'usage de drogue et pour sa libéralisation, tout comme on peut être pour la prostitution sans se prostituer. La liberté de se droguer n'otera pas la liberté de critiquer les drogues, n'otera pas la liberté de refuser de se droguer.

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